Taillé dans le marbre blanc de Porraci (Carrare), ce cénotaphe a demandé seize années de travail à l’artiste. Il a reçut en 1976 le Grand Prix de sculpture du Salon des Artistes Français. Autour du bon Berger, plus de trente personnages en haut relief évoquent la paix des « verts pâturages » et la violence vaincue de la « vallée de l’ombre et de la mort ». Peu avant la mort du commanditaire, Hubert de Villez, le monument a été installé dans son château de Jeand’Heurs. Selon ses dernières volontés, il contient maintenant le cœur du donateur. Le château ayant changé de main, le cénotaphe a été accueilli en 1984 dans l’église de Clermont en Argonne auquel il était primitivement destiné, et où l’on peut maintenant l’admirer.
Sarcophage d'Hubert de Villez
Le thème
D’emblée il a paru évident à Stephan Buxin que ce monument devait porter un message d’espérance et non pas mettre en valeur la personne du commanditaire et de sa famille ; ou la douleur de la mort et de la décomposition. Il a naturellement recherché un texte biblique. Il a choisi le psaume de David qui exprime la confiance à travers les luttes et les angoisses de la vie et de la mort, l’espérance d’un lieu de paix et de bonheur sous la protection divine.
Psaume 23
Traduction Louis Segond
23:1 Cantique de David.
L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
23:2 Il me fait reposer dans de verts pâturages,
Il me dirige près des eaux paisibles.
23:3 Il restaure mon âme,
Il me conduit dans les sentiers de la justice,
A cause de son nom.
23:4 Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi:
Ta houlette et ton bâton me rassurent.
23:5 Tu dresses devant moi une table,
En face de mes adversaires;
Tu oins d'huile ma tête,
Et ma coupe déborde.
23:6 Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j'habiterai dans la maison de l'Éternel
Jusqu'à la fin de mes jours.
Le psaume de David pouvait lui parler à plusieurs niveaux. David poète et musicien était lui même un artiste ; et le vainqueur de Goliath a été aussi le sujet de plusieurs œuvres pour lesquelles Stephan Buxin avait une admiration sans faille. Surtout enfin, le psaume se prête particulièrement à une mise en image heureuse correspondant à la philosophie intérieure de l’artiste. « Regarde donc ce qui est beau » disait-il. La sculpture alors devient écoute et adoration du Créateur et Sauveur. Dans cette œuvre destinée à être installée dans l’église de Clermont en Argonne, l’artiste rejoint ainsi les sculpteurs du Moyen-Age dans leur rôle pédagogique : « voici ce qui est écrit. »
La mise en œuvre
Face principale
L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles
Face principale secondaire
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: Ta houlette et ton bâton me rassurent.
Protestant, mais respectueux de la pratique catholique antérieure à Vatican II, Stephan Buxin a prévu d’inscrire le texte du psaume en latin.Traduction de la Vulgate : Dominus pascit me nihil mihi deerit. In pascuis herbarum adclinavit me super aquas refectionis enutrivit me.
Sed et si ambulavero in valle mortis non timebo malum quoniam tu mecum es virga tua et baculus tuus ipsa consolabuntur me.
Première petite face
Le blessé paar la vie est consolé par le Saint Esprit.
Ce bas relief s'applique spécialement à Alban de la Graudière, filleul de Mr de Villez, qui s'était suicidé très jeune.
Deuxième petite face
Résurection, seconde allusion à Alban de la Graudière.
Historique
Dans la fiche que Stephan Buxin écrit sur cette œuvre il précise : “ Après la mort de Mr de Villez son fils adoptif a vendu le château à un hollandais qui bazardait beaucoup d'œuvres d'art et avait décider de dépecer le sarcophage. Grâce à Muguet j'ai pu m'inscrire à l'ADAGP dont l'avocat a fait peur au hollandais ainsi qu'au fils adoptif de Mr de Villez à cause du cœur qui était dans le sarcophage. Le château a été revendu à un couple dont la femme a été inquiète de cohabiter avec ce tombeau. Elle a payé le démontage et le transport du monument à CLermont-en-Argonne. Il a été remonté dans la chapelle dite des morts où il était bien à l'étroit. Depuis lors il a été transféré dans le bas côté est que j'avais choisi à l'origine.”